Pour Ask Them, nous avons sollicité quatre enfants, un peu suivant le même mode opératoire, mais adapté à leur âge.
C’était un après-midi de janvier 2024 au B3, avec quelques enfants créatifs. Margaux, Jeanne, Ana et Louise ont entre 5 et 7 ans. Les deux premières habitent en ville et toute leur vie est à proximité.Les deux suivantes habitent en pleine campagne et sont réellement dépendantes de la voiture. Loïc Claeys, jeune entrepreneur incubé au VentureLab, nous a rejointes pour présenter sa voiture minimaliste (Bugg Motion). Enfin, Anne Peters, de Liège Créative, nous a partagé des idées provenant de l’assemblée mobilité, organisée en septembre 2023 avec des adultes.
Pour solliciter l’imaginaire des quatre demoiselles présentes, nous avons tous joué à Time's Up avec des cartes « transports ». Les quatre filles ont identifié ce qu’elles préféraient comme moyen de transport actuellement à Liège. Coup de cœur pour le cheval, le bus, le train, la marche et le vélo. Et la voiture alors ? Pour Margaux, « la voiture c’est utile quand on doit se déplacer plus loin, mais sinon cela pollue et prend trop de place dans la ville. »
Ana le vit différemment parce que, vivant à la campagne, sa famille pas le choix. Même pour aller prendre le train, la voiture est nécessaire. Elle met en avant le bruit en ville généré par le trafic et nous dit « On n’entend pas les oiseaux chanter ! ». Jeanne explique qu’elle essaye d’apprendre à rouler à vélo, mais que c’est compliqué parce qu’il faut aller dans des parkings fermés et que c’est impossible de rouler sur la route.
Pour imaginer tous les possibles, nous avons commencé par regarder le livre intitulé « Imagine ta planète en 2030 » d’Amandine Thomas (éditions Sarbacane). Ensuite, Anne nous a partagé la manière dont les assemblées Rêvons Liège 2030 s’organisaient et utilisaient la méthodologie de la Fresque comme support à la créativité. Elle nous a montré ce que les artistes imaginaient : des chaussures à ressorts ou des toboggans pour descendre de la gare des Guillemins. Enfin, Loïc nous a expliqué dans quelle optique il avait conçu sa voiture minimaliste et modulable.
Si au départ, la place de la voiture est vécue négativement par les enfants, leur vision évolue en discutant avec Loïc. Lorsqu’il montre les photos du prototype, elles sont enthousiastes. Cette voiture ne fait pas de bruit, elle peut être modulée pour y mettre toute une famille, des vélos ou un matelas pour dormir en abaissant les sièges. On peut même y choisir la couleur des sièges. Ce fut l’argument massue aux yeux de Jeanne qui nous dit : « C’est une voiture magique ! ». Séduites, les filles tempèrent : ok pour passer d’une voiture actuelle à la Bugg, mais seulement s’il n’est pas possible de faire autrement. Autrement dit, même si la voiture s’améliore, elle reste une solution de second choix.
Elles ont ensuite classé des photos entre rêves et cauchemars pour se projeter en 2030. Deux tendances sont apparues : les transports en commun ont la cote et les espaces dédiés à la mobilité douce sont incontournables. Elles n’évoquent pas les moyens de transport partagés (carsharing, ...), mais quand on leur explique, elles trouvent cela intéressant !
Nous avons clôturé la séance en dessinant. Jeanne a représenté un merveilleux vélo qui pouvait rouler la nuit grâce à des feux d’artifice ! Ana dessinait une cabane dans un arbre, son vélo juste en dessous, avec un lieu pour faire des inventions. Loïc l’a bien inspirée ! Louise recopie sa sœur, Ana... mais elle ajoute un balai volant ! Et Margaux nous dépeint un tableau idyllique qui encadre son école et sa maison avec une cour/verger, un potager, une forêt et une voiture-vélo !
Les adultes interrogés sur la mobilité pointent les mêmes enjeux que les enfants : la nécessité de réduire la place des voitures, l’envie d’une ville davantage piétonne avec plus d’espaces verts. Ils mettent positivement en avant l'usage des transports en commun, en demandant toutefois qu'ils soient améliorés. Le vélo occupe aussi une place centrale dans la réflexion, car c’est pratique, mais encore difficile et dangereux à cause des voitures.
Nous te proposons à présent de revenir sur les récits produits lors de l’assemblée mobilité du 18 septembre dernier : En 2030...
Depuis l’après-guerre, la mobilité a énormément changé. Nos ancêtres n’auraient pas pu imaginer ce que la mobilité est devenue. Dans une même journée, il nous arrive aujourd’hui de parcourir 60 km : pour aller à la salle de sport, faire des courses ou rendre visite à la famille...
Adultes en 2024, nous avons grandi dans un monde dédié à la voiture, et changer de mobilité nous demande un effort. Pour les enfants nés dans une époque où la sensibilité environnementale est accrue, il semble bien plus évident de penser à se déplacer à plusieurs pour moins polluer, de partager une voiture, de se déplacer à vélo, à pied...Toutefois, il y a des besoins : de nature, de verdure et d’espace sécurisé en ville.
Ces quatre jeunes filles semblent déjà convaincues par cette mobilité douce et partagée. Il ne reste plus, en tant qu’adulte, qu’à montrer l’exemple pour se déplacer durablement, le sourire aux lèvres, et transformer notre quotidien en expériences agréables et positives pour tout un chacun. Entrepreneurs, citoyens, en route !