Diplômé en Sciences des populations et du développement (Université de Liège), c’est lors d’un stage en Équateur, son pays d’origine, que Vicente prend conscience de l’impact de l’activité minière artisanale sur les populations locales … Ces dernières s’accrochant à l’illusion d’un rêve doré pour échapper à la misère, dont l’extraction de la « sueur du soleil » en est paradoxalement l’une des causes premières. Un impact environnemental et sanitaire conséquent aussi, puisque le sol et l’eau sont contaminés par l’un des produits chimiques les plus toxiques qu’il soit : le mercure, utilisé à outrance pour séparer l’or du minerai.
Après trois années de recherches scientifique complétées par un accompagnement entrepreneurial au VentureLab, une campagne de crowdfunding fructueuse (via Gingo, la plateforme de philanthropie collaborative), plusieurs missions de terrain et des prises de contact avec tous les acteurs de la chaîne, Vicente et son père, ingénieur géologue, ont réussis à concevoir un modèle d’exploitation optimal. Modèle qui permettra aux populations locales équatoriennes avec lesquelles Vicente travaille d’être le propre moteur de leur développement. Comment ? En adaptant des technologies de récupération d’or qui n’utilisent aucun produit chimique et qui sont plus efficientes que les techniques artisanales.
En mettant gratuitement à disposition des mineurs ces technologies issues de la grande industrie, nous allons éradiquer l’utilisation du mercure tout en augmentant leur revenu. Au bout de la chaîne, les artisans et créateurs de bijoux belges pourront sublimer leurs créations avec un matériau éthique et traçable.
La Belgique est en effet mondialement connue pour être une plaque tournante du marché des minerais précieux, au sein duquel l’or a une place importante : plusieurs tonnes de ce minerai transitent chaque année par nos frontières. Et dans un marché davantage soumis aux règles de la finance qu’animé par des valeurs éthiques et durables, une partie de cet or est de surcroit extraite via l’exploitation des orpailleurs, aggravant leur situation précaire et détruisant l’environnement. Et ce, parfois au profit de groupes armés.
A l’heure actuelle, il est très difficile de garantir la traçabilité de l’or et donc, de s’assurer de sa provenance. Il est temps qu’une alternative voit le jour !
De cette idée née sous le soleil équatorien se construit petit à petit le projet Humanum Gold. Et l’initiative trouve une résonnance positive auprès des populations locales :
Lors d’un premier voyage, j’ai rencontré les habitants de la province de Napo et je leur ai proposé notre projet. Notre initiative a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme, ce qui nous a donné la force et la motivation de poursuivre le travail.
Une question restait cependant en suspens : comment assurer la traçabilité et la distribution de l’or jusqu’aux créateurs et artisans ? Un point essentiel à résoudre afin de créer une filière 100% éthique, de bout en bout. Une idée fait alors son chemin dans la tête du fondateur : Pourquoi ne pas créer une coopérative qui rassemblent les artisans et créateurs afin de leur permettre d’être eux aussi acteurs de la chaîne de distribution ?
L’idée, c’est de commencer par Humanum Gold, dont le sourcing et l’éthique sont garantis. La coopérative, une fois constituée, pourra aider Humanum Gold à finaliser son modèle et en échange, bénéficiera d’une participation dans l’entreprise et, surtout, d’un fournisseur d’or 100% traçable et chemical free, à un prix préférentiel ! Grâce à cela, les créateurs et artisans bijoutiers pourront bénéficier d’un matériau éthique à un prix démocratique.
Un modèle qui rencontre des valeurs chères à Vicente, comme l’aspect démocratique du modèle de gouvernance : « Il permet une gestion où toutes les parties prenantes ont droit à la parole et est idéal afin de permettre à tous d’être acteur de sa propre chaîne de distribution. »
Une coopérative qui vise aussi à élargir son champ d’action vers d’autres fournisseurs et d’autres minéraux, comme les pierres précieuses, qui seront sélectionnées selon le respect des mêmes critères éthiques et durables.
Le projet est prêt, ne reste plus qu’à le concrétiser, mais nous sommes bien entourés !
Pour l’aider dans sa démarche, il peut en effet compter sur l’appui de l’incubateur VentureLab via, notamment, un coaching de Salvatore Iannello, CEO de la Chocolaterie Galler, qui le soutient depuis ses débuts. Vicente reçoit aussi de précieux conseils de Florence Trokay (cofondatrice « D’ici ») et Fabrice Collignon (fondateur de Novacitis et de Vins de Liège), tous deux créateurs de coopératives fructueuses et également coachs au VentureLab.
Fort de sa dimension collective et de son impact sociétal positif, l’initiative de Vicente est également soutenue par la SOWECSOM (Société Wallonne d’Economie Sociale Marchande), dont la vocation principale est de soutenir l’économie sociale et coopérative, en proposant un accompagnement et un coup de pouce financier aux porteurs de projets qui se lancent. Un soutien qui pour Vicente n’est pas seulement financier, puisque la Société Wallonne l’accompagne également dans tout le processus de création de la coopérative.